Avec l’arrivée de deux nouveaux fournisseurs d’accès Internet (FAI) en 2017, le Togo faisait le pari du haut débit pour tous. Depuis un an déjà, TEOLIS et GVA déploient progressivement leurs infrastructures et les opérateurs télécoms Moov et Togocel continuent de varier leurs offres avec la 4G nouvellement déployée (2018).C’est dans ce contexte que la quatrième édition du Digital African Tour – Togo 2019 a ouvert le débat sur les enjeux de la démocratisation du haut débit. Autour d’Alain Ducass, expert en transformation numérique, les panélistes ont présenté les chantiers au Togo pour offrir le haut débit à chaque citoyen.
Pour les différents acteurs de ce marché, l’ouverture du secteur à la concurrence est un catalyseur de ce segment du marché du numérique.« Par rapport au taux de pénétration, nous sommes dans une forte dynamique. En 2016, nous étions autour de 20%. Fin 2018, nous sommes autour de 49% », a déclaré Ouro-Agoro Kadiri, expert en régulation du numérique et chef de service des affaires juridiques et du contentieux à l’ART&P. Le régulateur en se félicitant de ce bond, a tout de même rappelé que l’objectif reste la connexion de tous les Togolais. Et pour cela, beaucoup reste à faire, a-t-il averti. Les nouveaux FAI ont alors l’occasion de se déployer partout au Togo afin de satisfaire le marché. TEOLIS, par exemple, a aujourd’hui couvert Lomé à 70% en termes de services résidentielles et 100% en termes de services entreprises.
Belynda Lawson, responsable partenaire chez TEOLIS a mis en exergue la priorité de TEOLIS, celle de donner
un « Internet haut débit, fiable et stable ». La société développe des ponts hertziens pour couvrir le pays, en commençant par plusieurs points de la capitale. Elle ajoutera qu’il sera aussi importantd’éduquer les populations sur les bons usages afin de les amener à tirer profit du haut débit. Côté VGA, Alexandre Cohen a rassuré que ses services continuent de se déployer au Togo. Il s’est félicité du cadre légal et réglementaire du Togo avec « la volonté de l’Etat qui a décidé d’ouvrir son marché ». Des difficultés communes aux FAI. Si la formation doit accompagner le déploiement du haut débit, le coût du déploiement reste l’un des grands freins au Togo car le consommateur final continue de ressentir ce coût. TEOLIS, pour alléger les charges, a appelé le régulateur à travailler pour une meilleure accessibilité des colocations, par exemple.
L’ART&P, sur ce sujet, a déjà pris certaines mesures. Elle a subdivisé le pays en deux zones, et chaque opérateurs est tenu d’offrir des prestations d’itinéraires complémentaires à l’autre, a renseigné Ouro-Agoro de l’ART&P. C’est le cas par exemple des fibres de VGA qui passent par les poteaux électriques de la CEET. De même, le régulateur évite l’exclusivité d’infrastructures au profit d’un opérateur. L’ART&P recommande une obligation de donner suite aux demandes de partage ou de location d’infrastructures. Sur le sujet, le régulateur a réaffirmé sa disponibilité à arbitrer pour l’intérêt des consommateurs. Il s’est aussi doté d’un outil pour veiller à ce que les opérateurs pratiquent les prix de vérité comparés à leurs investissements. Pour l’heure, le marché du haut débit semble être en
ébullition, avec une concurrence qui fait aussi baisser les prix pratiqués sur le marché.
La promotion de l’innovation numérique que l’on souhaite au Togo devra passer par l’accès au haut débit. Ce n’est qu’à cette condition que les populations pourront consommer les solutions déployées ; elles-mêmes tributaires de ce haut débit. Comment consommer par exemple des jeux vidéo en ligne devenus une niche d’opportunités pour les créateurs de contenus et les joueurs sans le haut débit ? Comment faire de la télémédecine, construire une ville intelligente ou assurer simplement des services digitaux continuent sans un haut débit fiable et stable ? Autant de questions qui font aujourd’hui du haut débit un moteur de croissance, d’attractivité et donc de modernisation.
Souleyman Tobias